C/ Mosaïques
Si le bois, matière noble, chaude et isolante, fait intimement partie de l'histoire des arts décoratifs, de l'architecture et du mobilier, une autre tradition artisanale, plus ancienne encore, doit être abordée dès qu'on décide de s'intéresser aux différentes techniques ornementales : il s'agit de la mosaïque, particulièrement mise en valeur dans les civilisations antiques, notamment chez les Romains (il suffit, entre autres, de se pencher sur les vestiges de Pompéi). Les créateurs de ces époques anciennes utilisaient déjà des faïences spécialement dimensionnées et colorées pour permettre de restituer les lignes, les arrondis, les effets de relief, les dégradés, les contrastes. Il existe encore de nos jours des matériaux industriels préformés pour créer des frises et des listels.
Toutefois, de nombreux artistes ont privilégié l'usage simultané de brisures et de tessons de toutes sortes – assiettes, bols, vases, faïences diverses, unies ou figuratives – pour laisser une initiative plus large à l'opérateur, qui peut alors chercher le motif qu'il désire, le concevoir, le mettre en forme à force de découpes et de grignotages méticuleux. Une telle approche demande un investissement moindre du point de vue du prix (il suffit de récupérer des carreaux déclassés), mais plus important du point de vue de la technique, de la mise en œuvre et du temps.
Ces mosaïques peuvent se déployer sur les murs, les sols, les plans de travail, dans les endroits habituellement réservés aux activités aquatiques ou culinaires, mais aussi sur les tables, les buffets et les meubles en général. Voici quelques réalisations faisant référence à ces différents emplois joignant l'utile à l'agréable (commodité d'entretien, solidité, pérennité, mais aussi et surtout aspect décoratif évident).
Habillage du mobilier
Porte d'un buffet sans prétention "revisitée" en mosaïque :
le motif central est un fond d'assiette en porcelaine, les autres pièces proviennent de récupérations diverses (assiettes, faïences de cuisine et de salle de bains).
Création florale intégrée dans la façade d'un placard (les brisures de poterie utilisées pour dessiner le récipient lui donnent un relief réaliste).
Esprit méditerranéen :
Les contremarches de cet escalier (simple structure de béton brut à l'origine) ont tout d'abord été revêtues de placoplâtre pour l'adhérence et la géométrie (les angles étaient en effet très imparfaits) puis décorées de tessons aux multiples provenances. Les marches sont en hêtre vitrifié.
Le tour de cette porte - créée dans un mur qui séparait l'habitation originelle du hangar de ferme désormais viabilisé - était malheureusement affublé de finitions rudimentaires et de bavures qui ne mettaient pas en valeur la paroi en pierres de taille du pays. Un chapiteau arrondi et des encadrements en placo ont été apposés de façon à obtenir une surface plane et une verticalité irréprochable. La mosaïque des côtés est composée de différents matériaux (grès, faïence, vaisselle), avec, aux coins supérieurs, un "fondu" vers une surface sans mélange.
On y accède par quelques marches habillées dans l'esprit méditerranéen de l'ensemble (les nez sont en cornière métallique de type "grain de riz").
Fresques rassemblant des carreaux anciens et récents pour un résultat créatif et haut en couleur. La fleur centrale (orange) doit son relief à l'emploi de brisures provenant d'un bol. D'autres fleurs ont été découpées dans des faïences sélectionnées (les motifs floraux bruns pourraient dater des années 60 ou 70).
Bouquets réalisés selon des principes analogues...
Une frise a été créée en bordure de la partie haute d'une mezzanine (carreaux divers, anciens et modernes, neufs ou récupérés, tessons de vases, noir et or ou camaïeu bleuté, morceaux de vaisselle). La proximité d'une collection de plats et d'assiettes du pourtour de la Méditerranée (Espagne, Grèce, Maroc, Tunisie, Italie) sur un mur peint en bleu vif, renforce l'impression d'éclat qui se dégage du mélange des couleurs et des matières.
[A suivre...]