Récup'art de vivre : l'esprit du Temps

B/ Motifs et meubles peints

     Traditionnellement, les décors polychromes étaient présents à tous les niveaux de la société, et dans de nombreuses circonstances de la vie courante : certaines salles d'apparat des châteaux seigneuriaux étaient ornées de peintures fastueuses représentant des scènes de guerre ou de religion ; les façades des cathédrales étaient multicolores (perspective remise à la mode de nos jours par des spectacles d'illuminations), l'intérieur des églises était entièrement peint, les livres (objets d'exception avant l'apparition de l'imprimerie) étaient richement enluminés ; les maisons des villes elles-mêmes étaient colorées et ornées de motifs peints (Alsace, Allemagne, Russie, Pologne, Scandinavie...) ; dans les pays slaves, nordiques et méditerranéens, les murs, les planchers, les plafonds et les huisseries des domiciles bourgeois étaient décorés d'éléments liés à la culture locale (fleurs, marbres, scènes populaires, lignes, lettrines, figures géométriques...) ; ce besoin de couleur et de représentation se retrouvait jusque dans les habitudes du peuple qui appréciait les meubles et les coffres peints (bouquets, animaux, scènes rustiques).

 

     Ces habitudes anciennes seront bienvenues dans tous les types d'intérieurs, de la maison de campagne au loft, dans la mesure où vous appréciez le mélange des genres : une lampe « design » pourra être du meilleur effet sur une commode ancienne vieillie et patinée. Les techniques utilisées viseront toutefois à éviter le style trop « propre » qui caractérise aussi bien les productions industrielles que l'art « bien élevé » (opinion tout à fait personnelle).  

 

     A vos pinceaux, donc...


          Il existe de nombreuses techniques de décoration : peinture à l'essuyé, à l'éponge, au chiffon, à la peau de chamois... ainsi que des accessoires spécifiques tels que les pinceaux en éventail, à têtes multiples, carrés, biseautés, « traînards » (pinceaux aux poils longs et souples pour réaliser certains effets marbrés), pochoirs, brosses diverses. Nous ne reviendrons pas en détail sur le matériel et les techniques disponibles, ceux-ci ayant été largement décrits et répertoriés dans une pléthore d'ouvrages spécialisés.

 

 


 LES « PATINES »

 

Le vieillissement, battu en brèche au milieu du siècle dernier par la création d'un nouveau besoin (parmi de nombreux autres) chez l'homo decoratus, etque nous désignerons sous l'appellation de fini « nickel chrome », a momentanément disparu de la vie quotidienne par le

truchement des papiers peints interchangeables et des peintures lessivables, tout en favorisant la suppression pure et simple des colifichets susceptibles de l'afficher de façon trop voyante (d'où l'obsolescence des moulures, des soubassements, des corniches et autres cimaises). Cependant, loin d'être banni, il a été récupéré pour devenir une sorte de  

nec plus ultra de l'art décoratif (notamment dans la réalisation des meubles peints « à l'ancienne »). Cette salissure noble, comparable sans doute à la moisissure de certains fromages très prisés, a été – comme autrefois pour donner de la profondeur et atténuer des teintes trop vives – « imitée » et systématiquement utilisée pour donner les marques de la « vie » à des meubles, des murs ou des panneaux décoratifs. Ce sont là les fameuses « patines » à base de pigments, et qui peuvent être réalisées à l'huile de lin, au medium acrylique ou à la cire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  


Dans la tradition, qu'elle soit populaire ou venant de classes socialement plus élevées, les motifs floraux, de façons diverses, occupent une place de choix. Les représentations habituelles font souvent appel à des reconstitutions stylisées de fleurs réelles. Mais rien n'empêche de laisser libre cours à son imagination pour créer des motifs nouveaux pouvant s'adapter à chaque décor particulier (jeu sur la forme des feuilles, trahison des couleurs naturelles, ajout de baies décoratives et/ou d'excroissances végétales...).

 

 

 Effet de transparence et flore fantaisiste pour cette porte haute de placard. Aspect brossé de la patine.

 

         Les portes ont une place privilégiée dans le répertoire de la décoration polychrome.

 

 

 

        L'essentiel de la production décorative peinte consiste en pièces de mobilier - du coffre à l'armoire, en passant par les chaises, les buffets, horloges, secrétaires et autres vaisseliers. Les diverses techniques disponibles, avant même de devenir des pratiques sophistiquées et réservées à une élite (riche), ont de tout temps eu pour objectif premier de donner une peu de cachet à un meuble sans âme, aux essences pauvres ou dépareillées.

 

        Portes de placard. Dessins originaux. L'entourage brun a été obtenu à la brosse à l'aide d'un glacis appliqué sur du blanc. A l'origine, le placard comportait un alignement de cinq portes surmontées de panneaux plus petits. Chaque décor présente une ou plusieurs variantes (fleurs différentes, vases dépareillés...). Variations dans les motifs : les fleurs du panneau de gauche sont des constructions imaginaires et ne correspondent, a priori, à aucune espèce répertoriée. Malgré tout, en cherchant bien, peut-être existe-t-il quelque chose, quelque part, qui, de près ou de loin, y ressemble...

 

 


Bestiaire décoratif :

 

                           

Ce trumeau a été décoré d'un motif très répandu dans les représentations campagnardes : fleurs stylisées et oiseaux colorés s'y côtoient dans un ensemble d'allure symétrique.

 

                                                 

Décor rustique (le poulailler) : ces portes de placard – élaborées à partir de simples panneaux de contreplaqué et de baguettes du commerce – ont été recouvertes d'un motif original reproduit en négatif (opposition des couleurs et du sexe des volatiles, différence d'oriention du dessin), peint sur un fond blanc patiné de pigments noirs.

 

       

Décor « oiseaux » sur fond doré. Cadre marbré façon « microscope ». Moulure réalisée en bois de récupération. Signature en forme de bandeau inséré dans le motif (variable en fonction de la mégalomanie du maître d'œuvre).

                             

Drôle d'oiseau : « le Hibou », dessin original et reproductible avec toutes les variantes imaginables. L'inspiration peut rappeler certains styles des cultures amérindiennes.

 

                                   

Placard haut dans un vestiaire : les têtes de chevaux (poneys pour les puristes) sont inversées – droite ≠ gauche, blanc ≠ brun, mâle ≠ femelle ? Plus difficile à voir. Des frises florales de tailles différentes ornent les montants de la penderie et les reliefs des vantaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



10/11/2011
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